LE NOEUD GORDIEN


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L'Edito


Mardi 18 mai  - RTL - Eric Zemmour : Avec Clotide Reiss, Paris et Téhéran ont rejoué l'affaire Gordji





Lundi 17 mai 2010 - France Inter - Bernard Maris : les gagnants et les perdants de la baisse de l'euro


Bernard Maris : Pourquoi faudrait-il trouver une solution à la baisse de l’euro ? Pourquoi ne pas laisser baisser l’euro lire la suite



Vendredi 14 mai - Europe 1 - Luc Evrard : L'Estonie rejoint bientôt l'euro



Jeudi 3 mai - RTL - Jean Louis Gombeaud : Le cadrage budgétaire des ministres du gouvernement Fillion


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Mardi 11 mai 2010 - France Inter - Bernard Guetta : La Force ou la vassalité


Leur nombre n’est pas en baisse. Qu’ils soient de droite ou de gauche, libéraux, souverainistes ou altermondialistes, les adversaires de l’unification européenne se sentent, aujourd’hui lire la suite


Lundi 10 mai 2010 - France Inter - Philippe Lefébure : le mystère de Wall Street

         Ce matin, plus de 72 heures après la "grande panique", on n’a toujours pas retrouvé le trader de Wall street qui a confondu "millions" et "milliards" en passant un ordre en bourse. C'était jeudi dernier, un peu après 14h30 -heure de New York. C'est lui qui aurait fait perdre, dans les 20 minutes qui ont suivi sa "bourde" lire la suite

Jeudi 6 mai 2010 - France Inter - Thomas Legrand : Impuissances politiques


Nicolas Demorand : Pour vous, ce matin, il y a comme un climat d’impuissance des politiques qui domine.

Thomas Legrand : Deux événements renforcent aujourd’hui cette impression que les politiques, les dirigeants de nos pays européens perdent pied, n’ont plus prise sur la réalité. La crise et ses développements en Grèce et l’insolente lire la suite

Mercredi 5 mai 2010 - RTL - Alain Duhamel : Ecologie, legouvernement ralentit


Vincent Parizot : L'examen du projet de loi Grenelle II a débuté mardi à l'Assemblée Nationale. Les écologistes se plaignent vivement d'un recul des ambitions gouvernementales. Ont-ils raison ?

Alain Duhamel : Oui, je crois que les écologistes ont raison d'être amers et déçus. D'abord, parce que leurs idées sont lire la suite

Mardi 4 mai - Europe 1 - Axel de Tarlé - Vers une réforme du Pacte de stabilité


Lundi 3 mai – France Inter – Dominique Seux : La plan d'aide à la Grèce


Nicolas Demorand : Après les décisions prises hier sur la Grèce, la crise est-elle réglée ?

Dominique Seux : Autrement dit, est-ce la dernière fois que je consacre une chronique à cette crise grecque qui nous occupe depuis plusieurs mois ? Je n’en suis pas sûr ! Disons qu’un grand pas a été fait, mais que le chemin sera encore long. Avant de voir les interrogations qui subsistent lire la suite

Jeudi 8 avril - France Inter - Thomas Legrand : La Rumeur


Nicolas Demorand : Et dans votre édito ce matin : la rumeur…

Thomas Legrand : Oui, d’abord rappelons une spécificité française. L’épouse du président de la république n’a aucune existence officielle. Il n’y a pas de première dame en France. Et puis personne ne peut sérieusement dire quel est le rapport lire la suite

Mardi 6 avril 2010 - RTL - Bénédicte TASSART : Vers un rapprochement Renault / Mercedes


Vincnt Parizot : Renault convoque ce mardi matin un Conseil d'Administration extraordinaire pour valider son partenariat avec Daimler. C'est que le secteur auto cherche désespérément une porte de sortie. lire la suite

 

vendredi 19 mars 2010 – France Inter – Bernard Guetta : Les recompositions européennes


Il n’y a pas que l’économie qui soit sans frontières. La politique l’est aussi devenue et, pour régionales qu’elles soient, ces élections françaises l’illustrent bien. Non seulement les deux résurrections auxquelles elles ont donné lieu, celles de la gauche et de l’extrême droite, sont en cours dans toute l’Europe mais ces deux forces sont, partout, en recomposition. lire la suite

18 mars 2010 - RTL info – Christian Menanteau : Heuliez, ça sent le roussi !


Vincent Parizot : Un protocole d'accord pour le rachat de l'industriel Heuliez vient d'être signé avec un Fonds d'Investissement de Turquie. Est ce que l'on peut dire que, désormais, Heuliez est sauvée ? lire la suite

Mardi 2 mars 2010 - France inter - Bernard Guetta : L'ami russe de l'Elysée



L’expression est bien trop pompeuse. « Partenariat stratégique », dit-on de ce rapprochement franco-russe marqué par la visite à Paris de Dmitri Medvedev alors qu'il ne s’agit pas de l’instauration d’un lien privilégié entre les deux pays, d’une alliance fondée sur des vues et des politiques communes telle qu’il en existe, par exemple, entre la France et l’Allemagne. lire la suite

Lundi 1 mars 2010 - France Inter - Bernard Maris : La terre aux paysans !



Le salon de l’agriculture a ouvert ses portes... l’occasion de rappeler pourquoi une agriculture dynamique est indispensable à une économie dynamique... lire la suite

Ce qu'il y a derrière l'affaire Frêche


Lors de leur Bureau National de ce mardi, les dirigeants du PS vont décider ou non de l'exclusion des socialistes qui soutiennent Georges Frêche, en Languedoc Roussillon. Cette affaire menace-t-elle l'unité du Parti Socialiste ? lire la suite ...

 

Pourquoi la situation est bloquée chez Total ?



Une grève illimitée paralyse les six raffineries du groupe Total. Un mouvement lié au sort de l'unité de Dunkerque, menacée de fermeture. Pourquoi la situation est-elle aussi bloquée comme on l'a vu dimanche, avec l'échec des négociations ? lire la suite ...



Editos, les plus intéressants de la semaine du 25 au 29 janvier


C'est ici !




Vendredi 29 janvier - RTL - Cristian Menanteau

 

L'ipad, la roue de secours de la presse écrite et du livre ?

 

Vincent Parizot : Apple vient de lancer une tablette tactile au terme d'une campagne de marketing très spectaculaire. Est ce que cet I-Pad - c'est son nom - est à la hauteur de la couverture médiatique dont il a bénéficié ?

Christian Menanteau : Pour l'instant, on a au moins une certitude, c'est que cette tablette est fidèle à l'esprit Apple. L'objet est beau. C'est un pavé de verre très lumineux, au format A4, qui est enchâssé dans une coque en alu satiné, et qui répond à la moindre sollicitation tactile. Cette machine est-elle à la hauteur des attentes que ses concepteurs ont su créer ? A l'évidence, ce n'est ni une rupture radicale comme l'invention du Macintosh, ni le saut technologique de l'I-Pod, pas plus que la révolution du I-Phone. Design mis à part, la belle et trop ignorée PME française, Archos, a déjà mis sur le marché une tablette qui est technologiquement plus performante. Mais le point fort d'Apple, c'est qu'avec son design ravageur, si elle n'a pas franchi une barrière technique, elle s'est probablement installée sur un tout autre créneau.

 

VP : Cela veut-il dire que cet I-Pad est plus attendu par les professionnels que par le grand public ?
CM : Oui. C'est très probable parce que cette machine peut être un allié décisif pour deux grandes activités :
- D'abord, pour l'industrie du divertissement qui va trouver là un nouveau support exceptionnel pour tous ses jeux, ses musiques, ses films, les applications existantes ou à inventer.
- Ensuite, l'I-Pad pourrait être un allié capital pour l'édition et la presse écrite. 

En Europe, comme aux Etats-Unis, ces activités sont financièrement aux abois. Les maisons et les titres les plus prestigieux rabougrissent, voire disparaissent. La faute d'ailleurs, pour une large part, à la gratuité des contenus sur Internet. Une ardoise comme l'I-Pad pourrait enfin leur permettre de valoriser leurs contenus éditoriaux. Apple a déjà signé des accords avec 5 grands éditeurs dans le monde, dont le français Lagardère et quelques-uns des plus grands titres de la presse. Tous y voient l'occasion de faire payer leur travail au même titre que les 140.000 applications qui sont déjà disponibles.

VP : Y a-t-il des chances de révolutionner le marché de l'électronique grand public ?
CM : Oui. Je crois qu'elles sont réelles parce que cette tablette, bien sûr, n'est pas un monstre d'innovation. Elle est en couleur mais elle n'est pas en 3D. Elle n'offre pas la vidéo-conférence, ni le très haut débit. Elle est simplement terriblement Apple, c'est-à-dire : pas révolutionnaire mais d'une simplicité tellement novatrice qu'elle a tout pour créer un marché jusqu'ici inconnu et qui ira des médias au livre scolaire, en passant par la musique, le cinéma et la B.D.
Et si le pari est tenu, c'est un nouvel Eldorado de l'économie numérique qui s'annonce pour Apple qui fait 50 milliards de dollars de chiffre d'affaires et 3,5 milliards de dollars de bénéfices, l'I-Pad va être une nouvelle étagère de son coffre-fort.




 

 

vendredi 29 janvier 2010 – France Inter – Thomas Legrand

 

Relaxe Villepin: le nouveau paysage de la droite française

 

Nicolas Demorand : Dominique de Villepin est relaxé !

Thomas Legrand : Et le paysage de la droite française change de physionomie par ce simple fait judiciaire. Hier soir, Dominique de Villepin, blanchi par la justice, a donc déclaré qu’il voulait représenter une alternative au sarkozysme. Ce faisant, il offre surtout une perspective de victoire pour les socialistes. Avec Dominique de Villepin, nous avons la manifestation parfaite de la théâtralisation qui caractérise la scène politique française. Pendant tout le procès, l’ancien Premier ministre s’est montré tragédien outragé et grandiloquent. On se souvient de son entrée au tribunal, tel Mirabeau « je suis ici par la volonté d’un homme » entouré des membres de sa famille, comme des figurants recrutés à l’agence Elite. L’accusé prenait des airs de réfractaire du nouveau régime trainé au tribunal pour une sorte de procès de Riom honteux. Son éventuelle condamnation aurait été (à l’écouter) l’un des avatars de l’embrigadement de la justice. Le personnage Villepin va maintenant prendre toute sa place. Il est singulier et en même temps archétypique d’une certaine élite française… Ses envolées lyriques font de lui un homme politique anachronique. Cultivé, esthète, poète, obsédé par le renseignement, il apparaît totalement incongru quand il use de son ton déclamatoire devant sa webcam pour enregistrer ses prises de paroles pour son site internet. Le phrasé hugolien, c’est grandiose et adapté pour s’opposer à une guerre injuste au conseil de sécurité de l’ONU… C’est en revanche ridicule pour pleurer sur son sort, tel un Dreyfus qui ne risque que du sursis et qui prononcerait lui-même son « J’accuse »sur son blog.

 

ND : Pour exister, sur quel créneau politique va-t-il se positionner ?

TL : Sur le créneau assez nébuleux de l’homme providentiel, de l’homme qui incarne plus qu’il ne propose… il n’y aura pas vraiment de débats d’idées entre lui et le Président. L’ancien Premier ministre va tenter d’occuper un espace politique qui semble exploitable et qui lui convient. Un mélange de gaullisme, de républicanisme, de centrisme, de bonapartisme, d’étatisme social, de résistancialisme et de romantisme.

Le ton du discours de Villepin est fait pour titiller notre imaginaire collectif, notre patrimoine politique et républicain… C’est beau comme des images de la Libération, comme Marianne dans le tableau de Delacroix, seins à l’air, pétoire à la main et gavroche à ses côtés, c’est fort comme le Chant des partisans, c’est nostalgique comme la France prospère de l’époque des plans quinquennaux… mais ça ne nous dit pas grand-chose sur comment s’y prendre pour réduire le chômage, résoudre les déficits, sauver la sécu, réformer les retraites, rénover les banlieues… Dominique de Villepin arrive à temps pour occuper le créneau du courage politique, du volontarisme. Ce créneau, le Président l’occupait au début du quinquennat mais le volontarisme sans grands résultats s’émousse. Dominique de Villepin va donc jouer un rôle classique dans notre vie politique. Celui de l’incarnation de la République pure et puissante. Un grand rôle à la Clémenceau, qui nécessite du souffle, de la culture, de la carrure, du caractère et un sens du verbe… La seule différence, c’est que l’ambition de Clémenceau était d’asseoir la République, puis d’asseoir la laïcité, puis de gagner une guerre. L’ambition de Dominique de Villepin (sauf s’il arrive à nous prouver le contraire dans les prochains mois) c’est de faire perdre Nicolas Sarkozy.






Mardi 26 janvier - RTL - Alain Duhamel

 

Alain Duhamel passe au crible l'intervention du chef de l'Etat 

 

Vincent Parizot : Lundi soir sur TF1, Nicolas Sarkozy a longuement répondu aux questions des Français. Est-ce que cette émission a atteint son objectif ?

Alain Duhamel : Si son objectif était d'intéresser les journalistes : sûrement pas. Si son objectif était de s'adresser aux citoyens : sans doute. Vis-à-vis des journalistes, il est bien clair que c'était le contraire de ce qu'ils aiment. Il n'y avait pas l'ombre d'une annonce. Il n'y avait pas de scoop. On apprenait que, sans doute, la réforme des retraites serait terminée avant la fin de l'année. On verra bien ! Que, peut-être, le chômage allait reculer : espérons que c'est vrai et que Nicolas Sarkozy s'appuyait sur des chiffres qu'il connaît déjà et que nous ne connaissons pas encore. Mais reste que, l'essentiel, c'était évidemment : renouer le lien avec les Français.
D'ailleurs, il n'y avait pas une émission. Il y en avait 2. Il y avait d'abord une émission avec Laurence Ferrari. Une émission professionnelle, froide, sèche. Disons les choses : totalement inutile. Et puis, il y avait une seconde émission qui, elle, a été l'émission qui a le plus débordé de l'histoire des émissions présidentielles. Elle était prévue pour une heure. Elle a duré 2 heures. Je me suis demandé, un moment, si ça n'allait pas durer 3 heures ou, pourquoi pas, toute la nuit ! C'était d'ailleurs vivant. C'était intéressant. Les gens étaient bien choisis. Ils correspondaient à de vrais problèmes. La seule chose que je trouvais, c'était que, sur les 11 français qui étaient là, il n'y en n'avait pas un dont la vie allait à peu près bien. Il n'y en n'avait pas un où l'on pouvait se dire : il a un quand même un travail, une femme, des enfants, des projets. C'était la France en noir, c'était la France en deuil, mais c'était intéressant.
Et puis, à l'époque où Valéry Giscard d'Estaing écrivait de bons livres, il avait publié, parmi ses mémoires, "Le Pouvoir et la Vie". Hier soir, on avait quand même l'impression que le pouvoir rencontrait la vie.


VP : Le premier des Français, à la télé, face à 11 français. C'est un exercice réellement démocratique ?

AD : S'il s'agit de dire que Nicolas Sarkozy était avantagé. Évidemment, qu'il était avantagé ! Il était avantagé parce que c'est son métier. Il est avantagé parce qu'il adore ce genre d'exercice. Il était avantagé parce qu'il était évident qu'il était hyper-préparé, presque trop préparé. Qu'à chaque fois qu'on lui posait une question,  non seulement il connaissait la réponse, mais on avait l'impression qu'il avait précédé la question.
Cela dit, je trouve que "Léon" se défendait bien. Il était naturel, très authentique. Il ne se laissait pas déborder. Il revenait à la charge s'il le fallait. 

Ensuite, parce que, par rapport à d'autres émissions présidentielles - je me rappelle la fameuse émission de François Mitterrand avec Yves Mourousi. C'était totalement fabriqué ! C'était du chiqué de A à Z  - Là, cela sonnait quand même assez vrai. Et par rapport à l'émission, récente, de Jacques Chirac avec les jeunes Français, qui avait été un désastre, qui avait été un naufrage. Là, il se passait quelque chose.

Reste que ce genre d'émission, toute utile qu'elle soit, ne remplacera pas ce qui serait par exemple, à un mois des élections régionales, un débat d'une heure entre François Fillon et Martine Aubry. Ce serait aussi de la démocratie. Et puis, ça ne remplacera pas ce qui serait, par exemple - parce qu'hier ce n'était pas contenu dans l'émission - quelle est la stratégie de sortie de crise ce Nicolas Sarkozy


VP : Vous qui avez une liste d'interviews présidentielles longue comme le bras, comment avez-vous trouvé ces interviewers ?

AD : Que c'était un match de Coupe de France et que les amateurs ont battu les professionnels. C'est-à-dire que le 11 étaient bons pour les rôles qu'on leur donnait, surtout que c'était des débutants. Ils étaient bons. Les deux journalistes - pour Laurence Ferrari, ce n'était pas de sa faute - mais c'était un rôle qui était sacrificiel.
Pour Jean-Pierre-Pernaut - disons qu'il était complètement débordé - mais on voyait que c'était Nicolas Sarkozy qui dirigeait l'émission. Mais il avait le comportement d'un instituteur de village, débonnaire, avec un sourire, parce qu'il voit que son meilleur élève est en forme, ce jour-là, et puis que les autres ne chahutent pas.






lundi 25 janvier 2010 - France Inter - Bernard Maris

 

Forum social de Porto Alegre

 

Nicolas Demorand : Le forum social mondial s’ouvre à Porto Alegre aujourd’hui, un grand moment pour l’ « autre économie »...

Bernard Maris : Le dixième forum social de ce nom et qui revient au berceau, dans la ville d’accueil d’origine, Porto Alegre ou Luiz Ignacio da Silva dit « Lula », avait acceuilli les participants il y a dix ans. Qui imaginait alors que Lula deviendrait le président du Brésil, et que son pays connaîtrait une réussite aussi extraordinaire, sous son double mandat ? Lula, d’une fratrie de huit enfants, fils de docker, lui-même ouvrier métallo. Syndicaliste, batailleur, d’inspiration trotstkiste à ses débuts, il a fait quelques petits séjours en prison. Il s’est présenté quatre fois aux présidentielles, c’est dire sa ténacité, et la quatrième a été la bonne. Il s’est révélé extrêmement pragmatique, et comme son premier ministre de l’économie, Antonio Palocci, ancien trotskiste, s’est converti à l’économie de marché. Il s’est donc éloigné des altermondialistes, mais les altermondialistes lui doivent beaucoup, notamment la « démocratie participative », notion qui a été reprise à droite comme à gauche.

 

ND : Et que reste t il aujourd’hui des forums sociaux ?

BM : Alors que reste-t-il des forums sociaux, qui furent rassemblements aussi peu sectaires que possibles et très ouverts ? Trois choses je crois. 1) Une très grosse réflexion sur l’économie financière, qui a mobilisé beaucoup de chercheurs et de praticiens de la sphère financière, réflexion qui fut à l’origine de l’association Attac en France, qui, rappelons-le, avait coorganisé le premier forum social mondial, en réponse précisément au forum de Davos qui se tient la semaine prochaine, du 27 au 31. La taxe Tobin, cette taxe sur les transactions financières a été véritablement popularisée lors des forums sociaux. Et désormais, la notion de taxe Tobin est acceptée par beaucoup.

2) L’idée de commerce équitable, pour tous les secteurs, pas seulement pour le café ! idée qui vient battre en brèche l’idée de concurrence, de compétition ou de loi de la jungle, chère aux libéraux. Le commerce équitable respecte l’environnement et la vie des commerçants. En ce sens, le salaire doit être un « juste salaire » ; c’est assez proche de la notion de « juste prix » chère aux chrétiens. Toujours dans le même sens, l’idée que le commerce doit être soumis à des impératifs éthiques : la survie des plus faibles, l’accès à l’eau pour tous par exemple.

 

ND : Et troisième idée forte...

BM : L’idée qu’il y a un tiers secteur efficace, très actif, entre les Etats et les forces du marché, le tiers secteur des associations et des ONG qui agissent local. Certes, au Forum social, on pense global, mais ce n’est que 10% du travail : le diagnostic est fait, on a compris que la planète ne survivrait pas à la démesure et au capitalisme débridé, qu’il fallait remettre le diable dans sa boîte, le diable étant l’argent et la finance qui doivent être soumis, totalement soumis aux activités humaines, c'est-à-dire qu’il fallait plus qu’une régulation, une collectivisation de l’argent qui, comme écrivait Luc Ferry, et oui, luc Ferry ! est un bien public. Ce tiers secteur fonctionne sur l’idée de coopération et non plus sur la compétition. C’est aussi un secteur foisonnant, porteur d’inventions, et en ce sens, un secteur d’entrepreneurs...



Barack Obama fâche Wall Street



La ficelle est un peu grosse -se relancer, après une défaite électorale, en tapant sur les banques, très décriées par l'opinion publique- mais Barack Obama a frappé un grand coup, hier, en décident de s'attaquer à Wall Street. lire la suite ...



 

Le salaire d'Henri Proglio

L’affaire de la double rémunération d’Henri Proglio prend fin.

C’est la fin d’un « cafouillage » gouvernemental. Nous avions la ministre de l’économie qui était obligée de se contredire en défendant l’idée, avant-hier, devant les parlementaires, qu’une double rémunération ce n’était pas anormal. La ministre de l’économie avait dit le contraire quelques semaines plus tôt en affirmant qu’il n’y aurait pas double rémunération ! lire la suite ...



 

Les meilleurs éditos du 18 au 22 janvier

C'est juste ici ...


 

Le gouvernement et la chasse aux bulles

On l'entend souvent, chez les économistes, depuis la crise financière: "il ne faut pas se faire d'illusion: d'autres bulles spéculatives viendront un jour ou l'autre. Et nous éclateront à la figure!". Les plus audacieux se risquent même à un pronostic: après Internet, après les subprimes, la prochaine bulle sera... verte! C'est exactement contre une "bulle verte" que vient d'agir en urgence, le gouvernement français. (Cette histoire, je la vole aux Echos, qui la racontre très bien ce matin). lire la suite ...

 

Quand la République pleure ses héros

A quoi ont bien pu servir tous les vœux qu’a du recevoir Philippe Séguin, mort d’une crise cardiaque dans la nuit du 6 au 7 janvier 2010 ? Le président de la Cour des Comptes n’a pas du en recevoir assez, vu le triste sort que lui a réservé cette nouvelle année.

      Il ne s’agit pas ici de réaliser une énième nécrologie de l’ancien président de l’Assemblé nationale, ni de fournir un témoignage de plus sur l’homme derrière le politique, mais plutôt d’analyser, voire fustiger le bal des focus qui s’abat sur le monde politico-médiatique lorsqu’un personnage d’état décède. Les médias et les politiques ont, dès l’annonce de la disparition de Philippe Séguin, joué au petit jeu de « la louange et la larme ». Ce formidable jeu, qu’on nous ressort dès qu’une personnalité disparaît est le même à chaque reprise. Et à chaque reprise, on tombe dedans. Petite explication des règles.

      D’abord tout le monde doit jouer, car tout le monde a un avis sur la personnalité disparue. On commence par défaut avec ceux qu’on a sous la main, mais c’est surtout les intimes qu’on interroge en premier (environ cinq minutes après l’annonce officiel ou pas du décès). Des personnalités connues si possible, car la fille, le papa, ou l’ami inconnu, on s’en moque pas mal, sauf s’ils ont la carte « JOKER », mais on y reviendra plus tard. Second round, les amis professionnels, les méga-connus, qui perdent forcément un collègue, mais aussi, on l’espère, un ami. Enfin en dernier vient les officiels, qui doivent avoir un avis sur tout, même s’ils n’en pensent rien, pis qu’ils ne le connaissent pas personnellement.

      Une fois que tout le monde est dans la partie, la première étape commence : les louanges. Votre louange doit être en adéquation avec votre rôle : proche, collègue, officiels, voire les trois. Mais attention la louange doit forcément être… une louange. Grâce à d’astuces pirouettes, on atténue les défauts voire on les transforme en qualité, puis on insiste d’abord sur les valeurs, le travail, et bien sur, l’apothéose, le dévouement pour le pays. Ajoutez à cela le profond respect pour la République, et une pratique de la politique vertueuse qui théorise un courant propre au défunt, et vous avez le portrait parfait. Avant même d’avoir fini l’intervention de beaux mots, on entre dans la seconde étape du jeu : la larme. En plus du beau mot, l’intonation compte. C’est elle qui vous permettra que l’on juxtapose à votre réaction les termes de « très ému ». Plus il y aura d’émotions dans votre témoignage, plus elle tournera dans les médias, et plus on saluera votre compassion et votre sensibilité face aux épreuves de la vie. La carte JOKER prend tout son sens ici, car même si vous êtes le coiffeur, ou le voisin qui nourrit le poisson quand le mort partait en vacances, une belle déclaration pleine de chagrin à peine retenu, et vous pouvez passer à l’antenne. Plus la personnalité décédée est importante, plus votre témoignage doit être juste. Qui sait, ce sera peut être votre témoignage qui entrera dans les biographies post mortem : «… lors de sa mort, Tsoin-tsoin eut ces mots poignants… ». De quoi vous faire entrez dans l’Histoire.

      Le mécanisme est gros, trop me diriez-vous ? Prenons la couverture de France Inter ce jeudi 7 décembre comme exemple. L’information vient à peine d’être diffusée, en toute fin de journal de 8 heures sur l’antenne de la matinale de la radio. On annonce la nouvelle au conditionnel pour éviter la boulette du démenti, tout en ajoutant qu’une crise cardiaque l’aurait « terrassé ». On sent la confusion alors on enchaîne. Dans le studio on en profite pour faire de la place, derrière un petit reportage sur l’invité et son actualité on bouleverse le programme, et on appelle les joueurs. Retour au direct, on n’utilise plus le conditionnel, et on interroge le premier spécialiste politique de la radio, Thomas Legrand : « homme politique important de la cinquième république », « grand gaulliste social », à la « carrière politique importante », on souligne « le caractère ombrageux » MAIS « très attachant », un homme apprécié à droite comme à gauche et qui aimait son métier (heureusement !) et qui n’était pas un « politicard », « quand il parlait c’était plus les idées que la stratégie ». Une pratique de la politique qui sera soulignée plus tard dans l’émission par une doctrine  le « Séguinisme ». Tiens tiens, un tout nouveau courant inconnu jusqu’à ce matin 8h ! L’intervention contient peu d’émotion (il est journaliste) mais quelques louanges bien placées, pour une improvisation c’est pas mal. Ce matin, ils ont une figure importante de la politique française comme invité, Lionel Jospin. C’est un poids lourd, mais pas tellement proche de Philippe Séguin… pas grave on le fait parler avant même de commencer la traditionnelle interview. L’ancien premier ministre se dit « triste » et souligne la « qualité humaine » du défunt qui était « un serviteur de l’Etat » que « l’on ne peut que regretter ». Bref une intervention courte et sobre, avec des louanges mesurées… Peu mieux faire, surtout qu’il doit assurer la promotion de son livre Lionel raconte Jospin. Puis c’est au tour de Serge Moati. Celui-ci débute par « c’est un mec que j’adorais, que je connaissais depuis que je suis petit » avec la voix pleine de sanglot, « un ami, un frère, je l’ai aimé tendrement »… on raconte son enfance difficile, son père mort « pour la France » durant la Seconde Guerre mondiale, et enchaîne avec les louanges à outrance « c’est un homme qui aurait été un formidable président de la République », « c’est une immense perte pour la République, pour la démocratie ». Inutile de continuer…

      En moins d’une heure, entre l’annonce de sa mort et son oraison funèbre, on a le sentiment d’avoir perdu un grand homme, voué à la République et à la France, droit dans son métier et avec ses proches. Un événement triste à en pleurer. Est-ce que Philippe Séguin méritait autant d’éloge ? Il faudrait avoir déjà vu, déjà parlé, voire travaillé avec l’intéressé… mais à en juger par son parcours il y a tout même des faits d’armes de valeurs, comme son combat contre la peine de mort (combat qu’il menait contre son propre camp qui plus est), son pari en 1995 de soutenir Chirac plutôt que Balladur (encore contre son camp), et son attachement au club du Paris Saint Germain (fidèle du Parc même aux heures sombres !).   Mais pourquoi les médias se forcent à ce point pour nous attrister lorsqu’une personnalité décède ? Certes, un décès n’est pas un moment de réjouissance, et il ne s’agit certainement pas d’une occasion pour casser du sucre sur ces personnes. Mais de là à se lancer dans une surenchère de boniment et d’éloge… Le portrait ressemble davantage à une caricature qu’à une fidèle description de ladite personne, à tel point qu’on se croirait à la messe d’un enterrement. Les témoignages, les proches, les larmes… tant d’éléments qui laissent à penser que les médias réalisent en réalité un enterrement médiatique de la défunte personne. Un épisode médiatique pour marquer le coup, où le nom de Philippe Séguin sera désormais conjugué au passé, et où l’ancien président de l’Assemblé devient un acteur d’hier, ne faisant plus parti de la chère actualité.

 

Trancher le noeud Gordien !

L'histoire

A Gordes, en Asie mineure, se trouvait exposé  dans un temple un nœud impossible à délier. Un oracle affirmait que celui qui parviendrait à le défaire deviendrait roi de l’Asie. Alexandre dégaina son épée et le trancha en criant « le voila dénoué »

Arrien, L’anabase, II, 3 1-7 

Il est impossible de contester l’influence de la civilisation grecque sur notre vie de tous les jours. Que ce soit pour la philosophie, la langue, la politique, la culture… la Grèce antique est visible à tous les étages de notre société. Les expressions et locutions en sont des bons exemples. La mythologie et l’histoire de cette région fertile ont en effet apporté bon nombre d’expressions que l’on utilise régulièrement. Qui n’a jamais rêvé d’être riche comme Crésus, de toucher le Pactole, d’être beau comme Apollon, ou encore balèze comme Hercule ? Et tout le monde ne possède-t-il pas un talon d’Achille ?

      L’expression qui nous intéresse provient de l’épopée d’Alexandre en Asie. Fils de Philippe II de Macédoine, Alexandre (356-323 avant Jésus Christ) devient roi à 20 ans. Comme son père, Alexandre combat les cités grecques (Thèbes), mais c‘est en Asie qu’il entre dans l’Histoire. Un an après avoir quitté la Grèce en -334, Alexandre et son armée (environ 35 000 hommes) font une halte à Gordion ou Gordes selon les sources. Dans un temple (dédié à Zeus ?) se trouve un char dont le joug est formé d’une série de nœud. Selon une légende, un proverbe, ou un oracle, encore une fois selon les sources, celui qui arriverait à délier ce nœud deviendrait maître de l’Asie. Alexandre aurait d’abord essayé de défaire le nœud, puis agacé le trancha. Une autre version veut qu’Alexandre le tranche directement sans passer par la case « réflexion ». Quoiqu’il en soit la prophétie se réalisa. En -331 Alexandre vainc Darius III, roi des perses à la bataille de Gaugamèles (notre photo en page d’accueil), et pousse ses conquêtes jusqu’à la vallée de l’Indus. Alexandre meurt à 33 ans le 10 juin 323. L’expression « trancher le nœud gordien » renvoie à ce prophétique épisode où Alexandre résolut un problème difficile (Une corde nouée) par une solution simple (trancher la corde).

      Reste à savoir ce que pouvait bien faire un char avec un joug formé  de plusieurs nœuds en plein milieu d’un temple certainement dédié au plus important des dieux de la mythologie grecque !

      Gordion ou Gordes se trouve en Asie mineure (à moins d’une centaine de kilomètres d’Ankara, capitale de la Turquie) et se localise au pays des roses, le royaume de Phrygie. Le plus célèbre de ses rois est sans aucun doute Midas. Ce dernier est resté célèbre grâce à deux épisodes mémorables. En honorant un serviteur de Dionysos, Midas, s’attira la sympathie du dieu du vin. Celui-ci lui promit de répondre à l’un de ses désirs. Midas, trop heureux, exigea de pouvoir transformer en or tout ce qu’il touchait, et obtient malgré les avertissements de Dionysos ce qu’il désira. La suite on la connaît, Midas se retrouve sans pouvoir manger ni boire, transformant toutes nourritures en métal précieux. Le roi s’en sort malgré tout en se trempant dans la source de Pactole (future source de richesse de Crésus). Midas aurait pu en rester là, mais il devait encore marquer la mythologie de sa bêtise. Quelques années plus tard en effet, il se retrouva arbitre d’un concours musical opposant le dieu Apollon, et le satyre Marsyas. L’opposition est déséquilibrée, un peu comme si l’équipe de foot du Brésil affrontait celle d’Andorre, et malgré une belle prestation du satyre, Apollon était celui qui devait remporter la victoire, tant sa supériorité était grande. Qui devait seulement, car à la surprise générale Midas donna Marsyas vainqueur du concours. En plus d’un jugement hasardeux, Midas avait osé faire perdre un dieu. Vexé Apollon, colla des oreilles d’âne à ce roi jusqu’à la fin de sa vie, afin qu’on sache à quel point il était idiot.

      Midas avait pour père un certain Gordos. Fermier de son métier, il était devenu roi de Phrygie après avoir amené son char sur la place d’une ville, réalisant la prédiction royale d’un oracle. Pour l’en remercier Gordos lui donna son char que l’oracle installa à l’intérieur du temple de la ville. Inutile de préciser qu’il s’agissait du char avec le joug formé de plusieurs nœuds qu’Alexandre trancha lors de sa petite visite touristique.